samedi 4 mai 2013

Pour le fun hein ?! (parabole du pipi de la peur)

Mais si vous le connaissez forcément ce gars là !

Des semaines, des mois, voir des années qu'il s'entraîne, enfilant les kilomètres comme votre petite soeur enfilait les perles. Une petite recherche sur le net et vous vous apercevez que son palmarès (bien que vierge de toutes considération olympique ou mondiale) rendrait envieux bon nombre de ses partenaires d'entraînement.
Bref, le gars connaît la chanson par coeur : il s'est déjà tapé toutes les séances de fractionné possible et imaginable, chaque sentier autour de chez lui est plus marqué par ses Asics que n'importe quelles autres traces des promeneurs du dimanche, l'acide lactique est devenu une telle habitude pour lui que plus rien ne semble lui brûler les cuisses et au départ de la moindre compétition, il a oublié la sensation du pipi de la peur.

Quoi ? Je sens poindre un sentiment étrange en vous, sentiment appelant la honteuse question : c'est quoi le pipi de la peur ?

Alors pour ceux qui n'ont jamais mis de dossard, je vous explique. Pour les autres, TOUS les autres, je suis sûr que vous savez déjà de qui il retourne.



Vous pouvez trouver dans la littérature sportive plusieurs appellations pour ce sentiment étrange qu'est le pipi de la peur. Les plus gore d'entre nous l'appellent aussi le caca de la peur, connotation ayant les mêmes effets de causalité, mais pour une lecture plus "poétique", nous préférons le nommer ici pipi.

Donc, l'angoisse de tout compétiteur est d'être sûr d'être prêt pour sa compétition, d'être au top du top et de disposer de 100% de ses facultés afin de ne pas se faire ridiculiser encore une fois par d'autres compétiteurs venus en découdre sans aucune préparation apparente...bref, en toute dilettante.

Vous voilà donc à 10 minutes de votre départ.

Vous avez mangé tout comme il faut votre préparation pré-compétition, bu jusqu'à plus soif histoire d'être hydraté comme si vous partiez accompagner Tintin, Milou et le capitaine Hadock à traverser le désert, vous avez checkez votre parcours, votre stratégie de course (en général c'est partir à fond, accélérer au milieu et finir au sprint) et votre matos. Vous êtes fin prêt et vous avez même anticipé en trouvant des toilettes afin de soulager tout ce qu'il y avait à soulager...
Bref, tout est parfait et à 5 minutes du départ, après avoir joué des coudes et prétexté retrouver des potes devant, vous vous êtes faufilé tant bien que mal juste derrière les champions du jour qui, cette fois vous en êtes sûr, vous serviront de lièvre pendant les 3/4 de la course avant de leur fausser compagnie sur une accélération dont vous seul avez le secret. Aucun doute, cette fois, la victoire est pour vous !!

Départ dans 2 minutes ... la partie de pocker a déjà commencé dans le peloton : on se regarde, on se jauge, on discute.
"-Tu as pris quoi ce matin ? Oulala, pas trop lourd à digèrer ça ?
 -Tu cours depuis longtemps avec ces chaussures ? Je connais l'ami d'un copain de mon cousin qui habite aux US à qui on a dû amputer 3 orteils après avoir couru une course avec ce matos ...
 -Tu es bien hydraté ? Va faire chaud aujourd'hui ..."

Bref, un tas d'inepties juste prononcées pour vous mettre le doute. Pas besoin de vous mettre le stress, ça fait quand même déjà un moment que ça chauffe grave sous votre casquette.
Et là, alors que le speaker annonce "Dépaaaaaaart dans une minuuuuuuuuute !!!!!" et que tout le monde applaudit, il vous prend une sensation bizarre, pour ne pas dire étrange.
Je vous rappel qu'il y a 5 minutes vous avez fait TOUT ce qu'il y avait a faire, et qu'il y a à peine une minute vous étiez en train de vous imaginer laisser couler une petite larme de prétention sur le podium alors que là, maintenant, votre vessie, au pire votre rectum, vous rappelle à son bon souvenir.
Y'a pas à tortiller, le message est on ne peut plus clair, va falloir trouver un échappatoire ... et vite !!

Là, ça gamberge à toute vitesse dans votre tête. Coup de chance, il y a un arbre, voir des wc à 10 mètres de la ligne de départ.
Qu'est ce que je fait ?
J'y vais, je perds ma superbe place sur la ligne ainsi que mes lièvres mais au moins je cours "l'esprit" léger.
J'y vais pas et je peux partir au taquet comme prévu mais il faudra gérer ce pipi de la peur sur tout le parcours ...

Chacun sa tactique mais au final le résultat est TOUJOURS le même : il faut évacuer ce p*"%§ de pipi de la peur !!! Et vous aurez encore plus les boules d'avoir perdu une trentaine de secondes à secouer votre engin comme un Parkinsonien pour voir finalement en sortir quelques  malheureuses gouttes ... même pas de quoi noyer une fourmi.

Je défie n'importe quel compétiteur de n'avoir jamais connu ce genre d'expérience ... stressante, frustrante.

Bref, pour en revenir à notre gars, soit il ne connaît plus cette sensation tellement il en a mis des dossards, soit il connaît LE truc ultime que je vais vous dévoiler aujourd'hui (for gentlemen only). Pointez-vous au départ muni d'une petite bouteille d'eau afin de pouvoir vous hydrater correctement jusqu'à la dernière minute ... passez ce délai, cette bouteille vous servira de discret récipient pour évacuer votre pipi de la peur (pour le caca j'ai pas encore testé...désolé). Ne reste plus qu'à la jeter dans la première poubelle venue (on ne la refile pas aux copains, ni au public hein!) Handy, easy :)

Cette bouteille peut vous sauver la vie ... tout au moins votre course.


Fin de la parenthèse, tout ça pour vous dire que vous connaissez ce gars rompu à toutes sortes de courses, au courant de tous les petits trucs qui vous sauvent la vie, au taquet 365 jours pas an et qui vous annonce comme une fleur :
-" J'ai commencé ma prépa un peu tard cette année ...". Il va vous prononcer des mots tels que blessure, tendinite, plus de jus. Vous vous allez juste entendre bla bla bla bla et vous n'aurez sûrement pas tord vu la valise de secondes minutes qu'il va vous mettre à l'arrivée.

Alors quoi, je suis crédible si je vous dis que je cours demain le semi-marathon de Genève pour le fun only, juste une sortie en endurance pour voir où j'en suis question sensations ? Vous allez me traiter de mytho ou pas ?

Are you ready ??

Pour l'instant, j'ai envie de le faire comme ça, sans trop de pression ni d'objectif chronométrique (même si...). Dérouler les 15 premiers km à un bon rythme et voir ce qu'il reste dans le moteur pour les 6 restant.

Pour le fun only ... ça ne m'empêchera pas de prendre ma petite bouteille d'eau au départ hein ;-) et bonne course à tous ceux qui participent, que la force de l'Isostar soit avec vous !




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