vendredi 21 mars 2014

Allo Houston, j'ai un problème...


.Marathon de Barcelone.

Je vous faisais récemment part, via ma page Facebook, que j'aimais cette idée de l'imperfection dans le sport, cette recherche d'absolu qui, des fois, malgré tous les moyens employés, ne vient pas toujours ...


Cette réflexion faisait écho aux célèbres anneaux olympique, dont un refusa de s'ouvrir durant la cérémonie d'ouverture des jeux de Sotchi. C'est assez cocasse quand on sait les moyens déployés par Poutine pour que ceux-ci soient les plus parfaits possible.
Mais est-ce aussi cocasse si je pense à ma propre pratique sportive ?

Le fait de m'être entraîner avec application pendant plus de deux mois, d'avoir enchaîner du fractionné en veux-tu en voilà, d'avoir accumulé les kilomètres (450 exactement au départ de cette course), d'avoir musclé et gainé tout ce qui pouvait l'être,  d'avoir étudié le parcours dans ces moindres détails, d'avoir établi une stratégie de course et d'alimentation de winner, d'avoir testé et validé mon équipement ... tout ça m'assure-t-il une bonne performance au marathon de Barcelone ?

Pas certain, un marathon est, parait-il, rempli de surprises.

Fifteen minutes of fame



Me voici donc ce dimanche 16 mars sur la Place d'Espagne, prêt à en découdre le long des 42.195 km dans les rues de Barcelone. Je suis ready, confiant.
Le deal ? Je m'autorise un départ peut-être un poil rapide histoire de trouver ma place dans le peloton (autour des 4'30'' au km) puis après je me cale sur une vitesse de croisière confortable pour moi qui se situe autour des 4'40''. J'espère tenir jusqu'au 35ème comme ça, du moins je pense que c'est dans mes cordes, puis après, soit je suis bien et je m'arrache sur la fin pour garder le même tempo, soit je craque et finis les derniers kilomètres aux alentours d'une cadence à 5'00''/km.
Bref, y'a pas à tortiller : c'est le grand jour, comme si la Nasa allait lancer une fusée. L'ingénieur a  prévu une fenêtre de tir et un résultat à 3h20, voire 3h30 si les conditions se dégradent. Le missile est sur le pas de tir, le compte à rebours est lancé ...

Vas-y, fais le malin pendant que tu peux ...

Pan !
Le départ vient d'être donné, je suis dans le troisième sas, derrière les élites et les cadors. et alors que mon groupe trottine tranquillement pour franchir la ligne de départ, là, gros couac de l'organisation.
En fait il y a trois départs de prévus : le premier pour les élites, le deuxième pour les coureurs moyens (mon groupe, entre 3h15 et 4h00), et un dernier départ pour ceux restant.
Sauf que devant le mouvement de foule, les bénévoles ont du mal à contenir les coureurs et à expliquer qu'il nous faut patienter deux minutes avant de partir après les élites.
C'est un peu la panique : l'énervement et l'agacement s'emparent des futurs marathoniens et tout le monde essaie de passer outre les consignes, assez confuses, de l'organisation ... jusqu'au moment où c'est mon tour de passer cette ligne et de m'élancer sur le parcours.
Là dessus, un gars de l'organisation, visiblement assez remonté, me saute dessus et m'ordonne de ne pas passer et de ne plus bouger ! Le gars, c'est des mitraillettes qu'il a à la place des yeux !
Il gueule, y'a pas d'autres mots, et fait bien comprendre à ceux autour de moi que le premier qui bronche aura à faire à lui. Il a beau parler en Espagnol, son discours est assez limpide.

Damned !

Tout le monde se regarde, personne ne comprend grand chose sauf  le fait qu'il ne faut pas passer cette putain de ligne, ça c'est clair.
Donc on attend .... compte à rebours avorté, lancement prévu dans deux minutes.

Le type énervé revient vers moi et m'explique que c'est lui qui va me donner le départ et que je pourrais m'élancer sous ses ordres.
Ah ?
Ok, donc c'est moi avec mes 65 kilos tout mouillé qui doit retenir dix-mille furieux dans mon dos ... ils ont le sens de l'humour ces Espagnols quand même !

Mais bon, à part ça, je me retrouve prem's sur la ligne de départ et durant les deux minutes d'attente, j'ai le temps de réaliser que je vais courir en tête d'un marathon, devant une foule en délire .... la classe internationale, un truc de fou !
Le type revient vers moi, me demande si ça va et si je suis prêt.

Mais oui mon gars ah ah ah !
Why not, soyons fou, let's go I'm ready ... dans ma tête les neurones font la fête, je suis mort de rire et j'ai des barres de lol plein les yeux.
Dix-mille coureurs derrière moi, autant de spectateurs qui me regardent, mon heure de gloire est arrivée.

Five, four, three, two, one ... ingnition.

-"Ok, you can go now !" . Le gars du départ me donne le feu vert et je m'élance seul ... suivi, quelques fractions de secondes plus tard, par la meute. Départ de mon premier marathon et je suis en tête : LA FOLIE !
Ça m'éclate : il y a une ambiance de dingue sur cette place d'Espagne : des confettis, des spectateurs qui encouragent, applaudissent, crient ... et je prends tout pour moi, grisant.

Youpi, c'est moi le King of the Run !!!

Je déboule sur l'avenue et pendant vingt mètres, peut-être trente, je suis acclamé comme si j'avais gagné cette course. Je suis mort de rire et je profite de cet instant magique.

Andy Warhol m'avait prédit 15 minutes de gloire, j'ai eu droit aujourd'hui à huit secondes (ne reste plus qu'à trouver les 14 minutes 52 restantes). Quel pied !

Bon, au moins je lance ma course avec la banane et c'est bon pour le moral. Je me fais vite rattraper par des gars avides de bitume et je me laisse envahir par le peloton.
Au bout de 300 mètres, l'euphorie est passée, ma fusée est lancée, les choses sérieuse vont commencer.



Non, il ne faut pas

Comme je suis parti devant, pas la peine de me mettre un peu dans le rouge pour faire ma place, j'attaque directement dans le vif du sujet et me cale dans le rythme convoité : 4'40'' au kilomètre. J'ai assez travaillé cette allure pour savoir que je suis facile à ce rythme et qu'au feeling, je sais si j'y suis ou pas.
Les mètres défilent et au millième, alors que ma montre sonne le premier split, je daigne à peine jeter un oeil à celle-ci.
Je le sais, je suis bien, bonnes sensations ... peut-être un poil rapide, allez j'estime un 4'38'' et ce serait parfait pour bien lancer ce marathon.
Bon, dans le doute, ou plutôt la curiosité, petit check-up rapide ...   4'54''  ... et là, c'est le drame.

4'54 ! J'en crois pas mes orteils !!
Je regarde de nouveau éberlué les trois chiffres 4-5-4. Non, ce n'est pas possible ... je pense à un début de dyslexie due à l'altitude car un 4'45 aurait été limite acceptable.
Je re-regarde encore une fois. Le doute n'est plus permis. 4'54'' au premier kilomètre, bordel, je les ai payé cher mes 8 secondes de gloire.


J'ai envie de dire crotte.

Bon bah voilà, je l'ai dit. Crotte, crotte, crotte et re-crotte.
Mais qu'est ce que c'est que ce binz' ??? Si je suis déjà à la bagarre au premier kil', comment ça va se finir cette histoire ?
J'appelle mon ingénieur pour savoir ce qu'il se passe :

-"Problème de combustion interne Chef, baisse de pression de 15% dans les moteurs 1 et 2. Visiblement les nouvelles pièces reçues de Chine sont des contrefaçons mais on garde le contrôle, passage au plan B si on arrive pas à stabiliser la situation dans les prochaines minutes. Over."

Bordel, plan B au bout de cinq minutes, si c'est pas de la croquette moisie ça.

Bon je sais déjà que c'est mort pour les 3h20 mais je m'applique quand même à remettre les gaz.  J'avance sur mon plan de course et au fil des kilomètres, j'atteins l'allure désirée :
4'44'' , 4'42'' puis un 4'36'' au quatrième ! Enfin, la machine est lancée et je vais bientôt pouvoir me mettre en orbite.



Suivez le guide

A bord de ma fusée supersonique, les kilomètres Barcelonesques (ça se dit ça ?) défilent. Je ne suis pas trop mal mais au fond de moi, je sais que je force trop pour courir  en fait si lentement, quel paradoxe.
Mais bon, je me mets dans ma bulle et je fais ma course.
Il fait chaud, rien de bien méchant encore, mais je m'applique quand même à chaque ravitaillement de bien m'hydrater et de manger un petit truc histoire de ne pas tomber en panne sèche.
Comme le parcours n'est pas super fun (beaucoup d'aller-retour dans les rues), je distraie mon esprit en profitant des monuments.


Stade du Camp Nou, Sagrada Familia et autres bâtiments baroque, c'est clair que niveau architectural, c'est une belle ville. Par contre les odeurs d'égouts à certains passages ... pouah, c'est limite.

Bon, je cause je cause mais on arrive quand même tranquillement au 25ème kilomètre en deux heures tout pile.
Ça me fait une moyenne pour l'instant de 4'48'' ce qui n'est pas vraiment génial, mais rien de déshonorant non plus. A chaque croisement, j'essaie de repérer le meneur d'allure derrière moi qui doit courir en 3h30 (soit une moyenne de 5'00'' par km) et je me rend bien compte qu'au fil des kilomètres, l'écart se creuse entre nous, ce qui est une bonne nouvelle. Pas question de me faire doubler par ce gugusse, sinon je lui saute dessus, réduis en charpie ses chaussures, lui fais un string avec son short de course et lui enfile le gros ballon rempli à l'hélium (lui permettant d'être bien repérable) où je pense (et où vous pensez aussi).

Donc même si c'est pas folichon, je suis quand même dans les clous et je pense tenir le bon bout. Enfin, jusqu'à ce que j'entendes mon ingénieur à la radio de contrôle.

-" Oui John, comment sont les relevés télémétriques en bas ?"

Ça faisait un petit moment qu'on avait perdu la liaison et je n'avais pas reçu d'infos depuis le couac du départ.

-" Chef, chef, chef !!! Les compteurs s'affolent, la pression chute drastiquement, le stock de glycogène est au plus bas et les radars m'indique un mur droit devant ! Chef, we're out of control right now !!! On va devoir larguer les propulseurs auxiliaires Chef, you understand that fucking shit ?"

Oulala, mais ils ont pris le soleil à Houston ou quoi, parce que moi pour l'instant everything is okaiiiie. Pas de mur devant moi, tout roule, je comprends rien au charabia de John.

Droit dedans

Alors que je vous explique la légende urbaine, mais non moins réelle, du fameux mur du marathon. Je simplifie et vulgarise histoire que tout le monde comprenne de quoi il retourne.
Le corps humain utilise principalement le glycogène, ou pour faire simple le sucre, comme carburant principal. Celui-ci est stocké dans les muscles et le foie. C'est le carburant le plus facilement disponible et qui donne le meilleur résultat en terme d'efficacité.
Seulement voilà, on ne peut en stocker qu'une quantité limitée, environ entre 500 et 700 grammes, et l'utilisation complète de cette réserve atteint sa limite au bout de 2 à 3 heures d'effort intense (comme quand on court un marathon). Ce qui fait qu'il est généralement admis qu'environ au 30ème kilomètre, le marathonien se retrouve souvent en situation de panne sèche ... bref, vous êtes dans le mur ! A ce moment là, vous avez deux solutions :

-La première consiste à s'arrêter dans un bar à tapas et d'y allez franchement sur les bruschettas et autres charcuteries. Profitez d'une chaise longue bien exposée pour parfaire votre teint de sportif halé et 45 minutes plus tard, l'insuline ayant commencé son boulot, vous devriez être capable de repartir et de terminer votre marathon sur un rythme de folie.

-La deuxième solution, et là je sens que mon lectorat féminin va me prêter une oreille particulièrement attentive, c'est qu'il va falloir que vous changiez votre mode de combustion. On oublie le sucre (de toute façon il n'y en a plus) et on va taper dans les graisses pour avancer. Seulement voilà, votre corps va rechigner un peu parce que ça le gave d'aller chercher ses stocks qu'il avait si soigneusement planqué sur vos hanches (et je reste poli). De plus, l'oxydation de ces dites graisses n'est vraiment pas super au niveau rendement énergétique.
Bref, il n'a pas envie ... (alors que vous, c'est tout ce que vous désirez le plus au monde) et vous le fera comprendre en prenant un plaisir délibéré à saboter votre fin de course en réduisant drastiquement votre allure, l'enfoiré !

Bon, et pour ma part alors, il semblerait bien qu'ils aient raison à Houston, parce qu'au 25ème kilomètre, je perds mes moteurs auxiliaires et tout mon stock de glycogène, pan ! en plein dans le mur ... aïe, ouille !
Tu ne l'avais pas vu venir celui-là, et pas si tôt hein ?


-" Allo, Houston j'ai un petit soucis : on n'avait pas prévu de changer la combustion au 30ème km ?"

-" Négatif Chef ! C'est mort, dead ! Passage au plan B ... non plutôt le C, ou bien même le D ... nan, on applique directement le plan P avant de l'avoir profond dans la prochaine lettre. God bless you Chef, I wouldn't be at your place. Good luck. Over."

Oui, je veux bien faire l'original de service ou bien assurer ma réputation d'éjaculateur précoce et me taper le mur du marathon au 25ème, mais je vous signal que si je sais toujours bien compter, 42 moins 25 ça fait 17. Et 17 bornes à pieds, quand tu es dans le rouge, eh bin c'est long bordel !

Bon, de toute façon j'étais prévenu que la fin du parcours n'était pas une promenade de santé et qu'il fallait être fort dans sa tête, savoir s'arracher pour aller au bout. Alors j'essaie de me mettre dans ma bulle et de faire le job.

Quoi de neuf docteur ?

Ma moyenne passe tout d'un coup d'un 4'48' à un 5'10'' au kilomètre. Vous les voyez arriver les soucis ?
Moi, pour l'instant, même si c'est dur, j'y crois encore et je me dis qu'en tenant ce rythme, ça peut encore le faire pour un sub 3h30.
Mais bon, c'est pas évident de garder sa foulée quand on a l'impression d'avoir un sac à dos de 10 kilos sur les épaules et d'avoir des échasses à la place des jambes.

A ce moment là, j'aimerai être un Poney, manger des arcs-en-ciel et péter des fleurs. Mais nan, la seule chose que j'avale pour l'instant, ce sont des gels glucosés saveurs choco-menthe-fraise-banane-passion. Franchement, le parfum aurait pu être "pizza et son coulis de nutella" que ça m'aurait fait le même effet, c'est dégueu :(
Je commence à avoir sérieusement mal aux jambes, aux articulations et aux tendons. J'essaie alors de distraire mon esprit une nouvelle fois en prenant part aux encouragements de la foule (ça change) :

-" Vinga ! Vinga ! Vinga ! " ou bien "Vamos Campeón !" et j'ai même entendu "Animo !!!"

Je ne sais pas de quel animal on voulait m'affubler, mais je préfère ne pas savoir.
Il y a quand même une sacrée ambiance dans Barcelone et à certains endroits, on pourrait se croire à l'arrivée de l'Alpe d'Huez en plein Tour de France. C'est noir de monde, on ne peut courir qu'à un ou deux de front et le public vous pousse littéralement à aller de l'avant.

J'en oublie un peu mes misères. Chaque mètre gagné est une victoire et le prochain est toujours un peu plus douloureux à aller chercher.
26, 27, 28, 29, 30, 31 puis 32 et 33 ... je découpe ma fin de course et je me dis : step by step. Mais je sens que c'est de pire en pire et que ça ne va pas mieux malgré les ravitaillements.

Et là, au 35ème kilomètre, sans prévenir :


-" Allo Houston, j'ai un problème... "

Bon, visiblement John est parti en RTT et m'a planté seul dans mes baskets.
J'ai le sentiment que quelqu'un vient de débrancher la prise de courant : je n'ai plus de jus, du tout. Cuit, cramé, vidé.

J'essaie de faire le point sur la situation. Musculairement je suis plutôt ok, par contre j'ai deux tendons qui sont durs et deviennent assez douloureux. Je sens que la tendinite n'est pas loin.
Autre soucis, je commence à avoir les reins en souffrance, et ça c'est la première fois et ça me fait un peu flipper. Peut-être que c'est normal, mais sur le moment je n'ai pas l'information et je pense à tous ces épisodes de Docteur House où on entend :

-" Docteur House, on a les résultats d'analyses : Insuffisance rénale !

- Holly shit Docteur Cuddy, on est en train de perdre notre patient. Branchez le sous interféron biphasé, placez une perfusion d'antibiotiques à spectre large, faites lui sniffer un rail de coke et vérifiez son emploi du temps, voir si le malheureux n'aurait pas essayé de courir un marathon hier ... le fou !"

Et puis comme je suis à l'arrêt, je prends le temps aussi de regarder autour de moi. Et là je prends conscience qu'il y a des gars dans des sales états :
Il y a celui qui pleure assis sur le trottoir, celui qui vient de vomir sur son t-shirt, ceux qui poussent contre le premier poteau/mur/poubelle pour faire passer les crampes, celui allongé par terre, celui allongé par terre et qui se vomit dessus (!), ceux qui décident de rentrer en ambulance et surtout ce gars gisant au bord de la route, au moins trois secouristes autour de lui, sous perfusion et massage cardiaque il m'a semblé (mais pas sûr) ... enfin il n'était vraiment pas bien :(
Bref, je me rends compte que la difficulté de la course, l'intensité et sûrement la chaleur fait de gros dégâts dans le peloton ... et je n'ai pas envie de ça.

Pas envie de me mettre trop dans le rouge, d'aller trop loin par fierté, de dépasser la ligne ... je n'ai pas envie.
Je n'en peux plus, c'est comme ça. Pas de honte à avoir, je ne vaux pas mieux aujourd'hui, j'aurai tout donné (ça fait 8 kilomètres que je m'arrache) et je ne risquerai pas la blessure ou ma santé même  pour quelques minutes de gagnées.

35ème kilomètre : je marche.

Long is the road

Bon, je me dis que ça va être long 7 kilomètres de marche, alors je tente d'alterner marche et trottinage tranquille, mais ça ne le fait pas.
Je n'y arrive plus, mon corps s'y refuse complètement.

Aux environs du 37ème, je me fais doubler par le meneur d'allure 3h30. Gros coup de massue derrière la tête. J'essaie d'emboîter quand même le pas, 10 mètres, puis 20 ... puis non.
Je sais que je ne pourrai plus courir aujourd'hui.
Je re-marche ... c'est long. Je n'ai même plus envie de passer cette foutue ligne d'arrivée. Je me dis que je ne mérite pas la médaille et le statut de finisher, ce n'est pas comme ça que je voulais terminer mon premier marathon.

Mais bon, j'ai oublié de prendre un plan avec moi, et le plus simple est quand même de suivre le parcours (ce serait con de se perdre quand tu peux plus marcher), d'autant plus que je dois quand même rendre ma puce chronométrique.

39ème kilomètre ... putain c'est long, j'ai mal partout (je n'ai que ça à penser), j'en ai marre, ça me gave ! Le meneur d'allure des 3h45 me passe aussi dans une ambiance de folie. Pffff....

41ème, allez n'en reste plus qu'un. Je passe devant ma famille qui m'encourage et j'aimerai faire bonne figure au moins sur le dernier bout, mais nan, je vais boire le calice jusqu'à la lie en rampant jusqu'au bout du bout du bout, me faisant même enrhumer sur le finish par le meneur des 4h00.
La loose.


Je passe la ligne, me ravitaille, récupère ma médaille et rejoins mes supporters.
Fatigué, un peu déçu mais pas abattu. C'est le sport, c'est la vie et il y a pire que de foirer son premier marathon ... restons humain.

Et alors

Bon ok, c'est vrai que les 7 kilomètres de marche m'ont un peu gâché le plaisir et que je n'ai pas atteint  mon objectif (-3h30), mais je vois quand même quelques raisons de retirer du bon dans cette aventure.

-Premièrement, cette course me servira d'expérience pour la prochaine, car je me rends bien compte qu'il faut sûrement en passer par là si un jour je veux maîtriser cette distance.
-Deuxièmement, tout le boulot abattu en ce début d'année me sera bénéfique pour la suite de la saison avec des objectifs importants a la clé (Marathon du Mont-Blanc en juin et CCC en août).
-Troisièmement, pas de blessures ni a l'entraînement, ni en course ... je suis déjà d'attaque pour repartir sur les sentiers, elle est pas belle la vie :)
-Quatrièmement, j'ai énormément appris sur moi, sur la course à pied, sur les méthodes d'entraînement durant ces mois de préparation. En passant, je voulais encore remercier Bernard avec qui j'ai beaucoup échangé et qui m'a fait partager toute son expérience pour mener à bien (ou pas) cette course.

Et tant que j'y suis dans les remerciements, une mention toute particulière pour ma famille qui me suit, m'encourage et me soutient dans tous mes périples et mes défis. Merci, tout simplement, je vous aime.

Je terminerai en ayant aussi le soin de remercier vous tous qui m'avez encouragé et félicité via vos "j'aime" et vos commentaires sur ma page Facebook. Je me sens toujours honoré d'être aussi suivi et j'espère que cet article vous rendra (encore une fois) la politesse ;-)

Il n'y a pas eu un bon chrono pour concrétiser tout mon boulot, mais c'est l'incertitude du sport et c'est ce qui en fait sa beauté. Rien n'est écrit, rien n'est acquis.

Donc je ne sais pas vous, mais moi, j'y retourne ;-)

18 commentaires:

  1. j'adore le passage du Poney LOOOOL
    sinon je ne suis pas une référence, et je n'ai pas du tout les mêmes capacités ni les mêmes ambitions, mais les 2 tris où j'ai marché entièrement sur la càp, au final j'avais adoré car tu as le temps de profiter de tout... mais bon ce n'était pas le même contexte ;-)
    Michèle

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    1. Aaah le poney ... mdr :) Et le diagnostic du Doc.House, bon ou pas ?
      Bon sinon, pour en revenir à la course, le principal est de prendre du plaisir dans ce qu'on fait. Si dans ta marche tu trouves du bon dans le fait de profiter du temps qui s'écoule plus tranquillement, moi je dis : Bravo, c'est parfait ! Enjoy ;-)

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    2. eh oui, je pense que tant qu'on s'éclate sur une course, peu importe la vitesse au final non? ;-)

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  2. J'ai adoré ton récit de course ! Tu m'as vraiment fait rire (c'est pas très sympa ce que je dis vu comme tu as l'air d'avoir souffert mais bon ton récit est bien fun). Le plus important c'est d'avoir terminé et de ne pas avoir laché, tu as marché mais pour moi ce n'est pas abandonner donc bon c'est le plus important et comme tu dis, de chaque course on en tire des leçons qui nous servent pour la suite.
    Tu vas prendre du plaisir sur le marathon du MB et sur la CCC, j'en suis sûr :)

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    1. J'ai souffert, c'est sûr, mais c'était mon choix et il n'y a aucun mérite à ça. Par contre si je peux faire rire en dédramatisant mon aventure, je le prends comme un compliment :)
      Je vais être un vrai killer au MB et CCC ... enfin, je l'imagine comme ça ... jusqu'à la prochaine embrouille ;-)

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  3. Le plus beau passage pour moi fut celui des ramblas, bonne recup !

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    1. Je trouve que courir en ville n'est pa super fun, mais Barcelone a pas mal à offrir quand même pour prendre du plaisir même pendant 4h00 ;-)
      Merci Philippe

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  4. Super récit, très drôle et bien écrit (comme tous les autres d'ailleurs), et félicitation pour ta course, même si tu espérais mieux tu es allé au bout et c'est admirable. Bonne chance pour les prochaines courses, si je me motive à m'inscrire on se boit une mousse après Sierre Zinal :)

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    1. Merci Stéphane. Pour SZ, finalement ce sera sans moi parce que trop proche de la CCC, mais à une autre occasion avec plaisir ;-)

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  5. Récit toujours intéressant et cocasse. Nous avons un parcours inverse. Mon premier Marathon était en 2013 (Paris) et je renouvelle cette année.
    GR20 en 5 jours en juin 2014. Ton récit sur celui-ci jalonne ma préparation (physique et logistique)
    Pour le 1er Marathon, l'humilité est un principe et se placer un temps ambitieux basé sur d'autres courses peut donner ce résultat. Citation de marathonien : "Chaque seconde gagnée au départ est une minute de perdue à l'arrivée". Le premier Marathon est une vrai source d'apprentissage capitalisable pour le suivant, voir d'autres courses. Bon vent pour la suite de ta saison

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    1. Je l'avais déjà entendu cette citation et je te propose ma version : chaque seconde de gagnée au départ, c'est trente minutes de perdue à l'arrivée ;- )
      Tu vas te régaler cet été en Corse, je me demande déjà quand c'est que je vais y retourner :)

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  6. Hé bien, quelle épopée. Et quelle plume ! Tu t'es bien battu, félicitations ! Le prochain promet d'être épique :)

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    1. Merci, mais pas trop épique non plus svp :)
      Bon, sinon article mis en page à la façon Running Sucks, ça en jette nan ? En tout cas merci pour l'inspiration ;-)

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  7. Même si tu as marcher pendant 10 km , même si tu as fais des temps nuls ! Je te félicite pour ce que tu as fais car tu as ( peut-être) réalisé un de tes plus grands rêves : courir pendant 42 km !! A l'arrivée quand je t'ai vus marcher j'ai crier tellement je voulais que tu ailles jusqu'au bout et que tu fasses comme tu me dit à chaque fois d'aller au bout de mes envies et de mes rêves !!!
    Bravo pour tout
    Lucie

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    1. Merci pour ton message Lucie. Tu en sais quelque chose que dans la vie, on n'obtient pas toujours ce qu'on désire, même si on a travaillé dur pour ça. Mais c'est pas grave (ce n'est que de la course à pied), je vais retourner courir encore et encore et encore ... et la prochaine fois, de nouveau avec tous tes encouragements, ça le fera ;-)
      Work hard in silence, let success make all the noise ;-)

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  8. Je découvre ton récit tardivement un suivant un lien glissé sur kikourou... ben je me suis bien poilé ! L'un des plus récits de course les plus drôle qu'il m'ait été donné de lire :-) !

    Et je m'y suis bien identifié aussi : pour mon premier marathon, parti pourtant prudemment sur une allure de 5'20/km, je devais être à partir du 30ème à peu près dans le même état que toi... et j'ai pour ma part abandonné au 36ème km (marathon en boucles 6km x 7), chaque passage au stand m'attirant vers un bal des sirènes de plus en plus nombreuses (mon récit ici : http://www.kikourou.net/recits/recit-14838-marignanne_marathon_des_familles-2013-par-pieromarseille.html).
    J'en suis sorti plus déterminé, et ma prépa suivante fut faite avec un sérieux autrement plus sérieux. Bilan : 3h20, et l'une des plus belles émotions sportive de ma vie (http://www.kikourou.net/recits/recit-15343-marathon_des_alpes_maritimes_nice_-_cannes-2013-par-pieromarseille.html)

    Et toi, à quand le prochain ?

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    1. Et bien le prochain ce sera à Paris, on verra si une année en plus m'aura apporté l'expérience nécessaire pour boucler cette épreuve correctement ;-)

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